kigo edge - Chaussure minimaliste

Lors d’une récente visite aux Etats-Unis, un colis un peu particulier m’attend – ma nouvelle paire de edge, taille 8,5, commandée à la jeune entreprise kigo footwear[1][2]. Désincarcérée, cette paire me paraît bien discrète à côté des Vibram FiveFingers et les Merrell Trail Glove que j’ai testées depuis la fin de l’été. Leur forme m’intrigue – très étroit, avec une semelle souple, un haut extensible et un petit talon. Une protection des orteils témoigne de leur autre mission, la marche à pied sur les sentiers.

Elles pèsent environ autant que les Merrell testées le mois dernier, 364 gramme la paire, dont 20 grammes pour les semelles amovibles. J’entends dire que les « vrai » minimalistes retirent cette semelle pour se rapprocher du sol. Apprenti minimaliste, je n’ai pas osé, car mes métatarses se souviennent encore des dégâts occasionnés par les semelles trop fines de mes FiveFinger Sprints.

Le tout donne une impression très organique, bio. En effet, kigo footwear met en avant les mérites écologiques de leurs produits. Tissus CYCLEPET (des bouteilles d’eau recyclées), des colles moins toxiques, et un traitement qui élimine le besoin de les laver au savon. Même leur emballage, un simple carton recyclé, montre la volonté de kigo footwear de poursuivre un développement responsable.

En tout cas, elles jouissent déjà d’une certaine réputation. Elles font déjà parler d’elles par des coureurs minimalistes comme Jason Robillard (Barefoot Running University) et Frédéric Brossard, figure incontournable de la scène minimaliste française. Ce dernier considère les edge comme étant l’une des meilleures chaussures minimalistes actuellement disponibles.

kigo edge - Chaussure Minimaliste - Semelle Amovible

Prise en pied

Difficile de les mettre la première fois, ouverture serrée, car il n’y a ni scratch, ni lacets pour la fermer – un peu comme des chaussettes trop justes. Au moins, mes orteils déviés trouvent leur place sans rechigner. Une fois les pieds dedans, je reconnais que le maintient est impeccable – la matière est légèrement extensible et se détend pour accommoder toute la largeur de mes petons larges et plates… Ensuite, elles ne quitteront quasiment plus mes pieds pendant les dix jours de ma visite. En dehors de mes sorties, je retire les semelles amovibles pour me donner plus de place, ce qui permettre à mes pieds d’investir leur nouveaux quartiers, et de se muscler.

Sorties

Ah, la foulée «barefoot » – le souci de tomber sur l’extérieur du pied, puis de rouler sur le devant, avant de poser le talon…. Avec les Merrell Trail Glove, la semelle semble bâtie pour initier automatiquement ce mouvement. Point de salut chez les kigo edge, car l’épaisseur de la semelle (1,5 mm) est égale sur toute la largeur et la moitié avant de la chaussure – traduction – à moi de bien poser le pied. Suit a des intempéries qui ont laissé mon parcours semé de débris, j’ai apprécié la protection de quelques millimètres supplémentaires de ces edge, qui se faisaient vraiment oublier pendant les sorties. De retour à Paris, j’ai même dompté les cailloux de la terrifiante Avenue Foch 😉 Toutefois, ces chaussures n’ont absolument pas la vocation de faire du trail.

Initialement je me sens plus lent lors de mes sorties, impression confirmée par ma montre GPS. Oui, je suis prudent quand je change de chaussure… Peut-être aussi faut-il considerer la forme de l’avant-pied. Les orteils, regroupés par l’avant de la chaussure, ne peuvent absolument pas s’écarter, ce qui pourrait diminuer leur contribution à la foulée ? Peut-être une fausse piste, car mes moyennes ont durablement baissés, ce qui me fait penser que je m’y suis habitué au bout d’environ 100 Km. A présent, j’ai tendance à les oublier, chose toute à fait positive pour une chaussure de course à pied !

kigo edge - Chaussure Minimaliste - Semelle Fine

Cachez-moi donc ce talon, que je ne saurais voir…

Chez les minimalistes, on cherche à tout prix à épargner le talon, allant jusqu’à courir pieds nus pour apprendre à le poser doucement après la phase de roulement sur le devant du pied. Exit le talon sur bon nombre de chaussures minimalistes – les sandales Huarache, les Soft Star Shoes RunAmoc LITEBlack en sont des exemples. Grande fut ma surprise quand j’ai découvert une petite épaisseur supplémentaire sous le talon des edge. Ces talons m’ont véritablement obsédé, car j’ai pu constater une usure relativement importante au bout seulement une vingtaine de kilomètres.

kigo edge – Chaussure Minimaliste – Semelle et Talon

Soit je talonnais, ma foulée minimaliste n’étant effectivement pas encore stabilisée. Soit tout simplement le petit talon s’usait normalement à la tâche, notamment dans les descentes, ou je suis encore peu sur de moi, et je traîne parfois l’arrière du pied. Je n’ai pas la réponse à ce stade. Chers amis chez kigo, svp, faites disparaître le talon, et la edge sera quasiment parfaite!

Un « Back to the Future » minimaliste

Comme d’autres chaussures minimalistes, certains modèles chez kigo sont conçus pour les sports aquatiques, et la edge, conçue exprès pour les coureurs minimalistes, ne renie pas cet aspect de son héritage. Les chaussures minimalistes prennent l’eau comme des éponges assoiffées, et les edge se sont révélés fidèles à cette réputation de soiffard! Cependant, leur maintient du pied est tellement bien que j’ai pu courir confortablement dans une pluie battante à 6°, les pieds dans leur petits saunas individuels, bien isolés du froid par cet espèce de néoprène. Confronté à une flaque trop vaste pour être franchie dans un bond, j’ai galopé à travers, pour tomber, non pas sur le visage, mais 40 ans en arrière, quand je me promenais pieds nus dans les flaques à Seattle, au grand dam de ma mère. Cette sensation de liberté, de jouer avec la pluie, au lieu de la subir, ce fut ma première grande révélation minimaliste! J’espère que vous aussi, vous aurez l’occasion de sauter dans les flaques avec vos chaussures minimalistes !

kigo edge - Chaussure Minimaliste

Conclusion – des ballerines pour la course à pied

Au bout de 90 kilomètres je suis complètement séduit par les edge. Leur conception (sans lacets) réduit grandement les manipulations. Quand je début mon segment « pieds nus » lors de chaque sortie, je les glisse de mes pieds avec une main, pour les remettre aussi facilement à la fin de l’exercice. Entretemps, à force d’avoir sauté dans les flaques, elles se sont légèrement détendues, et les pieds passent facilement. Pas de lacets, pas de scratch, pas de poches pour les orteils, (pas de chaussettes non plus!), je reprends l’expression de « ballerine pour la course à pied » trouvé par Frédéric Brossard [3] pour les décrire.

C’est ça, une chaussure minimaliste : discrète, légère, sure. Difficile de faire mieux!

[1] kigo footwear est une jeune entreprise (fondée en août 2009) dirigée par trois femmes dans la région d’Atlanta, Géorgie, aux Etats-Unis.
kigo footwear est une entreprise virtuelle – pas de locaux, juste de la matière grise, des outils de collaboration et de gestion de stock. Et une excellente maitrise du marketing sur les réseau sociaux!

Press kit en anglais (En anglais)

Les kigo edge ne sont pas distribuées en France pour l’instant. J’ai contacté Rachelle, responsable marketing, qui vous conseil de lui envoyer un message sur info@kigofootwear.com afin qu’elle vous envoie un formulaire de commande. Ensuite, paiement possible par PayPal.

[2] La question m’est posée : « kigo footwear t’a donné ces chaussures pour que tu parles en bien de leur produit? »  Réponse – non, je les ai acheté moi-même – je ne cherche pas de sponsors, si je veux pouvoir parler librement des chaussures testées 😉

[3] Ballerine pour la course à pied – en anglais je dirais « Running Slipper ».