A peine visible sous les pieds, accrochées par un lacet spartiate qui les maintient légèrement appuyées contre la semelle – à premier abord, les sandales InvisibleShoe sembleraient peu adaptées à une utilisation “tout terrain”. Et pourtant, ce type de chaussure est utilisé depuis des millénaires par des tribus indigènes pour marcher et courir dans des conditions extrêmes. J’ai profité de mes vacances en montagne pour effectuer un test afin d”y voir plus clair…
Faire du trail en huaraches, sandales de course
Courir 400 kilomètres en continue à travers les canyons arides du nord du Mexique, c’est un exploit réalisé par un membre de la tribu Tarahumara. Non, pas pieds nus, mais en sandales huaraches, fabriquées avec une semelle coupée dans une carcasse de pneu de voiture. Christopher MacDougall, auteur du livre “Born to Run”, était estomaqué de constater avec quelle aisance les Tarahumara couraient tous les jours, sans se blesser.
Moi-même, suite à des blessures provoquées vraisemblablement par mes chaussures amorties, je me suis inspiré de ce livre séminal pour réapprendre la course à pied – sans chaussures. Cependant, même en étant capable aujourd’hui de courir plus de 20 kilomètres pieds nus, sur route, j’ai parfois besoin de protéger mes pieds contre des revêtements trop hostiles pour mes semelles.
C’était le cas en montagne cet été, ou je n’avais pas mes Merrell Trail Gloves a porté de main. Occasion de vêtir mes sandales et de me rendre compte des conditions de course “à la Tarahumara” en Haute Savoie, près de Megêve.
Première sensation, après m’être lancé sur une piste rocailleuse à forte pente – avec une épaisseur de 4mm, on sent chaque cailloux sous la semelle, et le pied n’est pas maintenu du tout, sur les côtés… Hmm, quand même rien à voir avec mes Trail Glove…
Test de huaraches sur trail
A vrai dire, ce qui me faisait le plus peur c’était les lacets de ses anti-chaussures ! Je m’attendais à des frottements entre les orteils, et à ce que les pieds “dégagent” les sandales dès que le revêtement devenait trop adverse, ou qu’il y avait de l’eau – des “vraies” conditions de trail… Et bien, non – aucun souci. Ni frottements, ni problèmes de maintien : les semelles restaient tranquillement collées à mes pieds, qui eux, s’accommodaient naturellement des aspérités du chemin. Une révélation pour moi, car, avec leur poids plume (180 grammes/paire) et leur faible encombrement, elles m’accompagneront désormais sur toutes mes sorties barefooting (tenues à la main ;-)).
Conclusion – huaraches, solution pour barefooteurs expérimentés, sur pistes raisonnables
Oui, les huaraches peuvent affronter les chemins en pleine nature. Non, elles ne “scient” pas les pieds, à condition d’être bien lacées (voir ma vidéo pour apprendre comment faire). Elles protègent contre tout ce qui tranche, sous le pied.
Mais j’hésiterais à les conseiller à un traileur n’ayant pas une expérience conséquente de la course à pied – sans chaussures ! En effet, ceux comme moi qui courent pieds nus, sont obligés à regarder ou ils mettent leurs pieds. La chaussure de trail, même minimaliste (si cela existe véritablement) est plutôt une sorte de “4×4” pour les pieds, capable de d’amortir, empêcher de cogner les orteils, ne pas dévisser sur une piste boueuse. La chaussure de trail, à l’instar du modèle le plus extrême, la Hoka One One, permet d’isoler et de dompter le terrain.
Exemple concret : David, de runmygeek, est traileur et coureur minimaliste expérimenté, dont les domaines de jeu sont le Pic Saint Loup et le Mont Aigoual (Languedoc-Roussillon, près de Montpellier). David m’indique que ses sorties sur les pierres très tranchantes lui détruisent littéralement ses Adidas Adizero Trail XT, avec des “coupures dans la semelle, déchirures extérieures sur l’avant du pied sur le dessus, […] la partie qui protège le dessus du pied”. Pas étonnant alors qu’il confie ses pieds à une solution à la hauteur du risque encouru… [image Mont Aigoual]
La sandale de course exige une approche “perso” ou le pied, quasiment à nu, danse le tango avec les obstacles rencontrés. C’est véritablement une approche “pieds nus” car il n’y a quasiment pas de protection, et que l’eau, la poussière, la boue et les débris peuvent facilement accéder aux pieds, pour parfois les gêner.
A mon avis, la course à pied “tout terrain” est réservée aux barefooteurs expérimentés qui ont la volonté de courir avec les yeux rivés au sol. Ce n’est pas à la porté de tout le monde. En plus, j’ai l’impression que le chemin idéal serait plus au moins dégagé de gros obstacles – peut-être faut-il préférer des pistes roulantes…
Je saurai mieux vous répondre sur ce dernier point, en 2012 : je pense m’inscrire sur un trail de 30K (Ecotrail Paris), que je me verrais bien affronter en huaraches !
Vidéo de sandales de course sur un trail
Photos de huaraches en montagne
Test de huaraches sur trail
Test de huaraches sur trail
Test de huaraches sur trail
3 réponses à to “Faire du trail en huaraches et sandales de course”
A voir la vidéo il faut vraiment regarder où on mets les pieds.
C’est assez impressionnant!
Il doit falloir une certaine expérience pour courir avec ces sandales, sinon c’est la blessure assurée.
Belle démo en tout cas!
Cet article est très intéressant et pause les bonnes questions du trailer minimaliste. On peut retrouver une certaine forme de minimaliste dans les chaussures de trail si le différentiel avant/arrière est nul ou très faible et si la souplesse de la chaussure permet un déroulé «naturel».
Sinon les chemins parisiens ne sont pas aussi terrible que les chemins de montagnes donc l’écotrail en huarache ça devrait le faire 😀
A voir la vidéo il faut vraiment regarder où on mets les pieds.
C’est assez impressionnant!
Il doit falloir une certaine expérience pour courir avec ces sandales, sinon c’est la blessure assurée.
Belle démo en tout cas!
Cet article est très intéressant et pause les bonnes questions du trailer minimaliste. On peut retrouver une certaine forme de minimaliste dans les chaussures de trail si le différentiel avant/arrière est nul ou très faible et si la souplesse de la chaussure permet un déroulé «naturel».
Sinon les chemins parisiens ne sont pas aussi terrible que les chemins de montagnes donc l’écotrail en huarache ça devrait le faire 😀
[…] Comment, et dans quelles conditions, les utiliser. […]