Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
Le semi-marathon de Boulogne-Billancourt, 20 novembre 2011, pieds nus. Plus d’un an de reconversion, troisième objectif de ma première année de barefooting, après Paris-Versailles et les 20 Kilomètres de Paris. Difficile de maintenir mes semelles en état, six semaines après ma dernière compétition. Un régime d’entraînement un peu trop ambitieux (73K barefoot en 6 jours !) a réduit l’épaisseur de la peau, et empêchait mes semelles de retrouver leur résistance habituelle.
C’était avec une semaine entière de repos et les pieds engoncés dans des chaussettes épaisses que je me suis pointé dans le sas des 1h50 devant la Mairie de Boulogne, quelques minutes avant le départ. 6° au thermomètre – clairement, j’ôtais les chaussettes à la dernière minute ! En attendant, grand discussion avec mon voisin, l’affable Jérôme qui chausse ses Vibram Bikila pour sa première course en VFF. Ce sera la seule paire de minimalistes que je verrai, sur tout le parcours.
Courir pieds nus par temps froid
Lors de mes précédentes courses pieds nus, j’ai remarqué qu’il fallait quelques minutes pour échauffer les semelles, une fois lancé sur le parcours. Le revêtement pique un peu, les pieds sont sensibles à des endroits inhabituels – bref, de quoi stresser le barefooteur débutant comme moi. Le départ donné, j’ai vite compris l’avantage de démarrer par temps frais – mes pieds ne sentaient pas grande chose pendant les deux premières kilomètres ! J’ai pu slalomer pour remonter dans le peloton (mes habitudes du cyclisme ont la vie dure). Comme je m’y attendais, il fallait encore quelques kilomètres pour que mes semelles s’habituent au revêtement – cette phase de réveil semble inévitable en course, à en juger par mes expériences précédentes.
Ainsi, nous remontions tranquillement la Seine, l’avantage de partir dans le sas des 1h50. Peu de monde me dépassait à ce stade, et j’ai du m’excuser régulièrement pour pouvoir dépasser d’autres participants – le barefooteur est d’une parfaite discrétion, sans chaussures pour trahir sa présence 😉 J’ai brièvement croisé mon compagnon de route en Vibrams, qui s’étonnait de la rapidité de ma foulée (environ 190 pas/minute). Le soleil perce les brumes, je salue chaque groupe de musiciens dont la prestation agrémente ma mission.
Au faite – pourquoi sur TOUTES mes courses je suis le seul à remercier ces musiciens bénévoles – c’est trop demander de dire merci, ou même lever la main et saluer ? Sans doute j’énerve parfois mes voisins avec mes salutations, mais quand même – prenez l’habitude de remercier ces nombreuses personnes qui nous encouragent, gratuitement, malgré le froid et l’absence totale de reconnaissance de la part des coureurs…
Un parcours varié – surtout pour les pieds !
Tant que le parcours longeait la Seine, la chaussée restait assez lisse et propre. Cette année, pour la première fois, le semi-marathon de Boulogne quittait les quais pour effectuer une virée au Bois de Boulogne, un terrain qui m’est très familier, car j’utilise certains passages pour “torturer” mes pieds afin d’accélérer le processus d’endurcissement. Et oui, il fallait évidemment passer sur l’un des pires segments que je connaisse, à côté de l’Hippodrome de Longchamps – à 13 K/H, largement plus vite qu’en entraînement.
C’est alors que Jérôme-en-VFF m’a rattrapé et m’a déposé définitivement, car j’ai opté pour la prudence, à moins de 10 kilomètres parcourus depuis le départ. Peu importe, car dans l’ensemble ma vélocité me convenait tout à fait ; 48:33 au point de passage des 10K. Heureusement, la chaussée s’est adoucie à partir de là, et j’ai passé un bon moment à discuter a bâtons rompus de barefooting avec un autre runneur bavard.
Une chaussée meurtrière à la place d’un mur
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
Mon deuxième compagnon de route me parlait d’un mur qui se dressait sur notre chemin vers le 16ème ou 17ème kilomètre. N’ayant jamais couru un semi-marathon, la nouvelle m’a pas mal secoué… Seulement – je n’ai point trouvé de mur ?
Je n’ai pas eu à cœur de creuser cette question métaphysique, car la route, à quelques kilomètres de l’arrivée, s’est dégradée d’un coup. Fatigué des semelles, j’ai ravalé mon orgueil pour courir … sur la ligne blanche continue qui sépare les voies sur les quais, en face de l’Ile Séguin. Aaah – bien mieux ! Peu de temps après, j’ai aperçu fiston qui me faisait discrètement un signe de la main (faut pas trop demander aux ados) ce qui m’a bien motivé pour accélérer mon pas. A partir de là, plusieurs coureurs véloces m’ont tapé dans le dos pour m’encourager : parmi eux, Patrick, adepte de huaraches (mais pas aujourd’hui !)
Point de salut pour mes semelles, par contre. Tandis que certains galériens de course crachaient leurs poumons sur le dernier kilomètre de la course, je slalomais une nouvelle fois entre les coureurs pour passer autant de temps que possible sur les marquages au sol ! Comme quoi, mon mur à moi, il se trouvait … par terre !
Récupération des pieds nus après un semi-marathon
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
J+1 heure |
(Après être rentré à pied, à travers Boulogne, sans rien aux pieds ;-); les deux semelles sensibles, sans être douloureuses. Grosse cloque (2cm) remplie de sang, sous le talon gauche. (Photo) |
J+11 heures |
les deux pieds un peu gonflés; impossible de poser le talon gauche, la cloque est gonflée et très douloureuse. |
J+24 heures |
Talon gauche support à nouveau du poids, la cloque n’est plus gonflée. RAS pour le pied droit. Aucun pied est gonflé. Cuisses tendues; mollets un peu tendus. Pieds un peu tendus (durs). |
J+48 heures |
Talon gauche n’est plus douloureux; cuisses un peu tendues; mollets tendus. Pieds complètement normaux. |
J+72 heures |
Talon gauche normal; cuisses, mollets encore un peu tendus. |
J+96 heures |
Première sortie (en sandales huaraches). RAS. |
Courir pieds nus n’est pas une sinécure. Contrairement à une semelle de chaussure, une semelle en peau de barefooteur s’use lors d’une course, et le pied lui-même encaisse des dizaines de milliers de foulées pendant 21.2 kilomètres. Heureusement, ils sont fait justement pour ce genre d’utilisation. Avec un entraînement adéquat, ils devraient être capable de se rétablir rapidement, même sur des distances beaucoup plus importantes. Je cite comme exemple le nombre grandissant de marathoniens pieds nus aux États-Unis…
En conclusion, j’ai intégré la phase de récupération de 2-3 jours dans mon régime d’entraînement depuis le début de ma reconversion. Plus j’améliore ma résistance, moins il faut de temps à mes pieds pour récupérer. Comme toujours, la clé d’une bonne récupération est une bonne écoute – voir le “Teste du saut du lit” dans mon guide de poche “Comment courir sans chaussures” (à télécharger) pour éviter de s’entraîner trop.
12 mois pour préparer un semi-marathon pieds nus
Le semi-marathon de Boulogne-Billancourt couronnait ma première saison de barefooting. Je suis à priori “dans les temps” pour ce type de reconversion, selon les spécialistes américaines de cette pratique pas comme les autres. En règle général, il faut bien compter un an avant d’effectuer la moitié d’un marathon, et deux ans pour le marathon. Ainsi, vous devinerez sans difficulté mon objectif “pieds nus” pour 2012 : 42.4 kilomètres. Non, je n’annonce pas encore quelle l’épreuve je choisirai pour mon premier marathon. Quand j’aurai l’aval de mes pieds, évidemment !
Résultats officiels
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
L’objectif était moins de 1H40 – raté de cinq secondes ! Facile donc de faire mieux, en 2012 😉
Photos du semi-marathon, pieds nus
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
Barefoot Semi-marathon de Boulogne-Billancourt 2011. 1:40:05, avec le sourire.
Récits de course de la Runnosphère
Me faire signe si vous avez publié un compte-rendu ?
Je t’assure tu n’es pas seul à remercier les musiciens, j’ai toujours un geste pour eux : salut, applaudissements ou merci.
En route pour le marathon maintenant, ça va être une sacré étape car il n’y aura pas que la partie barefoot à gérer.
Tu me rassures, David, pour les musiciens ! La question m’obsède depuis mes courses récentes … Pour le marathon, je ne me fixe aucun objectif de délai – quand je pourrai le faire en off, j’annoncerai la suite. Dans l’immédiat, le plus dur, ça va être passer l’hiver sans trop perdre de la semelle, pour cause de … chaussures 😉
Félicitations Christian !
Bonne continuation dans tes efforts…
Salut Christian
Merci pour ton reportage
Je ne sais si tu l’avais lu mais je t’avais mis un petit message sur ton post des 20 kms
Bonne recup
Pour ma part, talons encore douloureux mais ca va un peu mieux
JEROME
Merci Jérôme pour tes encouragements – tu vois que je cites ceux que je croises, surtout les amis minimalistes ! J’en suis à trois jours de repos, demain jeudi je compte faire une sortie dans Paris, by night, en chaussettes ou sandales huaraches (dîner d’amis blogueurs/runneurs).
Ne te presse pas pour reprendre l’entrainement – les talons un peu meurtris, c’est un grand classique lors des premières courses, j’ai eu la même chose, pieds nus, notamment après les 20K de Paris. Du repos, puis ça repart encore mieux qu’avant.
Christian
Bravo Christian ! et merci pour ce CR détaillé de tes sensations. Bonne récup et soigne bine tes semelles 🙂
Merci Sylvie pour ton petit mot – je suis complétement rétabli, et prêt à reprendre la route !
Concernant les musiciens et par extension les bénévoles, bon nombre de coureurs trouve leur présence « normale » et les ignorent mais je te rassures, il y en a toujours pour les remercier et leur glisser un mot gentil !!
Et ton fils s’est déplacé pour venir te voir !! C’est déjà super !!
Voici une étape de franchie, un semi ce n’est pas rien !! Bravo à toi !
Bravo pour ta performance !
Par contre je fais partie de celles qui rament tellement pour avancer que j’esquisse difficilement un sourire en course. Ce n’est pas que je trouve cela normal et je ne suis pas du tout indifférente à leur présence, C’est très agréable et très sympa, ils apportent de la bonne humeur et permettent de passer un peu le temps. Donc j’en profite ici pour les féliciter 🙂
C’est vraiment impressionnant et j’ai même un peu mal pour toi 😉
Bravo pour ta perf!!!!
Ce que tu dis sur les musiciens me surprend car dans toutes les courses ou j’ai participé j’ai vu les coureurs faire de petits gestes, voire chanter avec… Notamment sur les « grandes » courses parisiennes.
Bon j’avoue avoir aussi charié des zicos qui prenaient une pause casse-dalle-Pinard pendant qu’on en bavait comme des braves lors du MDP 😉
j’etait en vibram aussi bikila turquoise 😉
je t’ai vus à l’arrivée en pleine discussion
Bravo Christian très beau reportage je vais mettre un lien vers ton post … J’espère que tes pieds ont récupéré …
Patrick
Bonjour Patrick – merci pour ton soutien ! Je viens de voir ton poste, désolé pour le retard à te publier… Christian
Bravo Christian: courir un semi après 1 de transition… ça fait rêver.
Et très intéressant le CR détaillé de ta récupération.
Aurélien
[…] 20K, semi-marathon, pieds nus. C’était en 2011. 2012 – Place au marathon ! Mais pas dans n’importe […]
[…] Le Semi-marathon de Boulogne — pieds nus ! […]
[…] Je voulais ENFIN passer en dessous des 1h40, et j’échoue à quelques secondes près. En 2011, lors de ma première édition, j’avais réussi 1:40:05, chrono qui me hante depuis ! Mais en […]