10000 kilomètres pieds nus – bilan
5 ans 10000 kilomètres – le bilan
Le 16 juin 2015, quelque part sur les Maréchaux Sud de Paris, j’ai franchi le seuil des dix mille kilomètres courus depuis le début de ma reconversion à la course pieds nus. Je m’en suis rendu compte tout à fait par hasard, en regardant ma bio sur dailymile, où figure la somme kilométrique de toutes mes sorties. En creusant un peu, j’ai pu établir que j’ai couru essentiellement pieds nus – seulement 10 pour cent de cette distance était en chaussures (principalement en sandales huaraches).
Une reconversion motivée par la douleur
Changements des pieds en 10000 km de course
En termes générales, mes pieds se sont raccourcis (j’ai perdue une pointure pour finir en 41) et se sont musclés, élargis. D’après mon podologue de sport, David Leurion, il m’a fallu deux saisons pour vraiment « bâtir » mes pieds. Peu de changements structuraux par la suite (le renforcement des coussinets, ça se voit pas tellement sur ces empreints ;-)) Oui, j’ai les orteils très déviés. Non, ça ne me gêne pas (la preuve !!) – je suis né comme ça. L’argument des pieds parfaits pour courir pieds nus me fait rire 😉
Ci-après, quelques données pour quantifier les changements morphologiques depuis 5 ans de course.
Fin 2011 (un peu plus d’un an de pratique, juste après mon premier 20k pieds nus)
Après mon premier marathon pieds nus.
Après ma troisième année, et les marathons 2-4.
Après ma quatrième année, et mon cinquième marathon
Photos – pieds d’un marathonien sans chaussures
Vidéos comparatifs course pieds nus
Analyse foulée au début de ma reconversion – janvier 2011
12 kilomètres / heure
Analyse foulée après 5 ans de course pieds nus
14 kilomètres/heure
Foulée d’un 10000 bornard sans chaussures
Il se trouve que j’ai été contacté dernièrement par l’Institut National de Podologie (Paris) pour les aider à trouver des coureurs expérimenté.e.s pour une étude comparative de foulée pieds nus / amortie. Ce heureux hasard fait qu’il y a une quelques semaines, j’ai passé deux heures à trottiner sous les yeux froids et impartiaux de plusieurs machines capables de quantifier les nuances de la course humaine. Ainsi, j’ai pu récupérer quelques données que j’ai pu faire commenter par un professionnel de la santé (podologue de sport) dans cet article « Analyse podologue foulée barefoot« . Je vais laisser les professionnels commenter les changements morphologiques – il me manque les connaissances requises, et le vocabulaire spécifique.
Ce qui saut aux yeux, ce sont deux choses : pieds nus l’appui du pied est très bien distribué entre l’avant, le milieu et l’arrière du pied. Ensuite, les orteils … ne jouent aucun rôle dans les différentes phases d’attaque. Les trois premiers métatarses engrangent presque toute la charge à l’avant du pied. Le talon est sollicité, mais pas plus que les autres parties du pied.
En chaussure amortie le patron est similaire avec toutefois un certain des-équilibre entre les deux pieds -à gauche je talonne, à droit, peu, mais je semble compenser à l’avant du pied. En tout cas, la présence d’une grosse semelle semble modifier l’endroit où le pied contacte le sol. J’ai surtout remarqué le poids des chaussures – c’était la première fois depuis 5 ans que j’en avais des comme ça aux pieds ! Je pense que ma foulée était moins rasante, et que je dépensais plus d’énergie à accélérer et les freiner, à vitesse égale. Très fatiguant.
Voici comment mes pieds attaque le sol. On mesure ici la pression (Newtons/centimètre carré) à 14 km/h à travers le pied. Je trouve (c’est quantitatif, hein ;-)) que l’impact se dispatche remarquablement bien entre les deux niveaux d’interférence entre le pied et le sol. Je pose clairement le talon, mais le plus gros de l’impact est sur le devant du pied. Bien ça.
Soit la course pieds nus est tellement intégrée, musculairement, que j’arrive à accommoder des grosses semelles, soit les paramètres de test (un court instant sur un tapis) ne permettent pas vraiment de mesurer les différences.
Conclusion
Mon but, il y a 5 ans, était de pouvoir courir plusieurs heures le dimanche matin, sans avoir mal. La course à pied devait remplacer la course cycliste, que je n’arrivais plus à pratiquer pour raisons de santé. Mes anciennes courses cyclosportives duraient 4-6 heures 😉 Le temps d’un marathon 😉
Je suis toujours un débutant en course pieds nus. Course dans le sens large, « courir ». Oui, la récupération est très variable, je ne sais toujours pas bien comment préparer mes pieds pour des grosses distances, ou pour une distance courte mais rapide. La pratique pieds nus est extrêmement exigeante – il faut courir toute l’année, même l’hiver, plusieurs fois par semaine, pour éviter de devoir rebâtir le capital plantaire. Bien que frustrant parfois, ma pratique me permet de me défouler autant que je veux, à hauteur de plusieurs milliers de kilomètres par an. Avant ma reconversion, je peinais à courir une heure, et j’étais sur d’avoir mal au pieds… Les coureurs pieds nus ne connaissent pas la marche arrière 😉
Salut,
Tout d’abord bravo pour ton exploit. Je peux remarquer que tes pieds sont très larges avec des coussinets très développés mais tes orteils ont tendances à se rapprocher prenant presque la forme d’un hallux valgus. Est ce la façon de courir qui a façonner ton pied à cette forme ?
Je cours env. 30-40 km / semaine en mid-foot strike avec des chaussures très légères : asics gel lyte ou NB minimus.
Bonne continuation.
Bonjour Ganerick, et bravo pour le bon boulot en chaussure minimaliste – tes pieds et tout le reste te remercieront 😉
En fait, c’est bien un hallux valgus, et pas qu’un peu. Mais voilà – ma mère, mon père, mon frère – tous, ils avaient les pieds comme ca ! Donc c’est à 100 % congenital, et le fait de courir pieds nus n’a absolument rien changé à la déviation des orteils. Ce qui a changé par contre – pied plus large, beaucoup plus musclé, développement d’une arche, et pied plus court. Oui, j’ai perdu une pointure, chemin faisant, depuis 5 ans ! C’est surtout lié au développement de l’arche. Non pas que j’avais les pieds plats, mais l’arche n’était pas très prononcée…
Bonne continuation,
Christian
[…] y a peu de temps, j’ai dépassé les 10 000 kilomètres de course pieds nus. Par hasard, j’ai pu analyser ma foulée à ce même moment, grâce à une projet de fin […]