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Marathon de Paris 2016 – Comme un pied
Paris, 03 avril 2016, au départ du Marathon de Paris pour mon septième marathon pieds nus. Pas de blessure, et un gros volume d’entrainement, presque 800 kilomètres, principalement pieds nus. Cependant, quelques inquiétudes les jours et semaines avant le départ.
Sur la ligne de départ d’un marathon pieds nus
Cette année, je n’y attendais personne. Mon arrivée était beaucoup plus efficace, puisque je suis descendu du métro à Franklin Roosevelt, pour ensuite monter les Champs Élysées jusqu’à trouver le sas des 4 heures. Après une photo rituelle d’avant-course, je me suis engouffré avec tous les autres compagnons de route. C’est là que j’ai aperçu les urinoirs pour les hommes, des dizaines au bord du sas ! Quelle bonne invention ! Dommage pour les filles, pour lesquelles les quelques toilettes portatives ne semblaient pas présenter une solution aussi rapide et efficace que celle des hommes. On peut dire que nous les garçons on est singulièrement avantagé avec notre robinet, sur les départs d’épreuve sportive ! Des solutions permettant aux femmes de pisser tranquilles debout (désolé pour le détail) ça existe pourtant, pour les concerts. Je ne sais pas si c’est très répandu par nos latitudes, et surtout aussi, comment les hommes réagiraient à faire la pause technique à côté d’une femme (et inversement) Bref…
Comme à chaque départ j’ai pu discuter avec les coureurs autour de moi. Cette fois, certain.e.s m’avaient vus à la télé, ou lu les articles dans le journal du Salon du Running ou dans l’Équipe. Deux jeune gaillards en particulier, venu depuis le Madagascar (!) m’ont posé bien de questions.
Premier mauvais signe de la journée – ma montre GPS (Geonaute de 2010) refusait de coopérer – pile à plat, mauvais présage !! Du poids mort, mais impossible de la range ailleurs. J’ai donc allumé la FitBit Surge (aux perfs GPS douteuses) et l’application Strava sur mon téléphone. Entre les deux, j’allais au moins pouvoir récupérer un fichier GPX et les données habituelles de sortie. Le tout allumé maladroitement sous la portique du départ, à l’instar de centaines d’autres coureurs autour de moi. Non, on n’est pas ridicule du tout 😉
Le premier semi, pieds nus
J’ai tout de suite accéléré après la ligne, slalomant entre les grappes de coureurs tout en essayant de ne pas les toucher. Ils m’entendent pas, et j’ai géré tant bien que mal le mauvais bitume et les dépassements. Car c’est là une veille habitude de marathon pieds nus – on préserve le « capital plantaire » le plus longtemps que possible. Lignes blanches, goudron lisse des travaux publiques, passages piétons – tout est bon pour éviter du rugueux. Car du moche il y en aura plein, surtout dans les deux passages dans les bois. Quelques voix se sont élevées pour me saluer dans le peloton, des ami.e.s dont Nadia Adell que je tente de remercier sans me planter. Désolé si je ne suis pas resté discuter !
Ma vitesse s’est stabilisée vers 13 kilomètres (endroit ?) et j’ai pris mon rythme de croisière, environ 11,5 km/h. Seulement, mes pieds n’étaient pas contents, protestaient vivement les passages un peu douteux entre le marquage au sol salutaire. Ainsi, j’ai décidé de mettre en œuvre ce que j’avais envisagé depuis quelques jours – enfiler mes huaraches Vibram Dunas 5mm. Tant pis si c’est la première fois que je cède de la façon – la course est longue, et je n’ai pas du tout envie de jouer au héros… Je me suis quand même fixé l’objectif d’arriver à mi-course, passage des 21,7 km pieds nus. Ma foulée devenait plus crispée avec l’inconfort de la peau – j’ai failli m’étaler sur une peau d’orange – aussi glissante qu’une peau de banane, parole de barefooteur !).
Le deuxième semi en huaraches
60 secondes pour nouer les deux longues lanières autour des chevilles.
Arrivant sur les quais, en plein soleil, j’ai compris que je n’étais pas sauvé par mon changement de pneumatiques. Une curieuse lassitude (pas une fringale) m’a envahi, et j’avais de moins en moins envie d’avancer. Au lieu de me requinquer, mes sandales de course m’embêtaient, modifiaient ma foulée d’une façon subtile. Le seul avantage, c’est que j’ai pu passer de longs moments en bord de Seine à essayer de comprendre ces nouvelles sensations, car à vrai dire, je n’avais quasiment jamais couru avec cette paire de huarache, très fines, légères et souples. Le bruit au sol me gênaient, le nœud sous l’orteil se sentait, le bout de lanière chatouillait le mollet opposé à chaque foulée.
A hauteur du 16ième, à l’entrée du Bois de Boulogne, j’ai failli mettre le clignotant. je venais de passer le « mur des 3O kilomètres » (dont la manifestation m’a fait rire !) et j’avais marre de tout – du sucré à chaque ravito, de la chaleur, de mes huaraches, des autres coureurs, de moi surtout. Ma vitesse s’estompait doucement mais surement. Je frôlais désormais l’arrêt voir l’abandon.
Ne jamais abandonner ! J’ai lâché quelques rares fois en cyclisme, pour blessure en générale, et je me suis dis qu’il n’y avait aucune raison de ne pas dompter la petite dizaine de kilomètres restantes. D’ordinaire, j’avale des grosses distances à chaque sortie – j’avais même réussi l’exploit, deux semaines avant, d’enchainer DEUX boucles de Paris en six jours, soit plus de 80 kilomètres, le tout pied nu. Alors 12km, pour une fois il fallait montrer un peu de cran et rallier l’avenue Foch.
Par contre, je n’ai pas pu résister à plusieurs arrêts en bord de route, les 6 dernières kilomètres. De toute façon, les 4 heures n’étaient plus envisageables. Je n’avais plus du tout envie d’avancer, ras le bol de courir, lasse de tout, dégouté aussi de payer aussi cher le kilomètre alors que je pouvais atteindre les mêmes distances avec des copains, pour zéro € le kilomètre. Non, « Life is NOT on » !
En ménageant mon énergie, j’ai réussi à courir les deux dernières kilomètres, pour franchir la ligne dans une absence totale de joie, le visage figé, les yeux éteints, immortalisés par les photographes. Je savais à ce moment-là que je ne le faisait plus jamais, le Marathon de Paris – pas la peine d’assurer un tel niveau de capacité plantaire, si tôt dans l’année. Mais pas de regret, finalement ; j’ai papoté avec plusieurs bénévoles et coureurs curieux, jusqu’à recruter un bénévole entraineur, Serge, qui s’intéresse à IBRD 2016, mon initiation barefooting dans un mois. Pour finir la journée, ma sandale droit a rompu sa lanière en plein couloir de mettre – forcément !
Alimentation et hydratation
Je n’ai pas subi de fringale, ni coup de chaud, contrairement à bon nombre de concurrents allongé.e.s par terre, soigné.e.s par les secours. C’est vraiment flippant… Moi, j’ai trouvé un juste équilibre entre ce que j’embarquais et ce que je prenais en cours de route. Au départ, pas de bidon d’eau, mais une bouteille d’eau comme on allait les avoir à chaque ravito. Vu la météo à plus de 10° dès le départ, je savais qu’il fallait boire beaucoup plus que d’habitude. L’hydratation est un sujet douloureux pour moi. Du temps de mes courses cyclistes, j’ai tellement mal géré cet aspect de l’effort physique que j’en ai tiré des séquelles physiques graves, au point de ne plus pouvoir monter sur un vélo aujourd’hui. Dommage.
Ainsi, j’ai bu une gorgée d’eau à chaque kilomètre, à chaque fois que ma FitBit Surge vibrait sur ma poignée gauche pour signaler le kilomètre révolu. Ainsi, j’ai peu reprendre des bouteilles à quasiment toutes les stations de ravitaillement à partir du km 15. A part le gobelet de Gatorade (?) vers 30km, je n’ai rien bu d’autre, mais j’ai du siphonner près de deux litres d’eau, sans avoir besoin de m’arrêter pour une pause technique.
Pour l’alimentation je suis parti avec trois barres de patte d’amande Gerblé (une ouverte) et un Overstims « coup de fouet » au cas où, pour les dernières kilomètres. Ainsi, j’ai commencé à manger à partir de 15km, une barre d’abord, puis des oranges, raisons, bananes à intervalle régulière jusqu’à la fin. Pas de coup de barre au mur des 30 kilomètres. Pas de « Coup de fouet » non plus – j’estimais ne pas en avoir besoin pour soutenir mon petit train de vitesse jusqu’à la ligne. Après la course, j’ai bouloté une deuxième barre Gerblé et une pomme (fade) avant de m’engouffrer dans le métro. Je n’ai pas eu des coups de faim l’après-midi après mon retour, ni le lendemain, donc l’alimentation semble être bien gérée à présent.
Les causes de la contre-performance pieds nus
Je n’avais pas le niveau de mes ambitions, c’est clair. En 2013 j’avais bouclé l’épreuve pieds nus en 4:07, et sans trop de souffrance, hormis les passages dans les bois et un coup de mou au kilomètre 30. Plusieurs signes laissaient deviner depuis quelques semaines que mon marathon n’allait pas se dérouler comme souhaité. D’abord, et surtout, mes plantes n’étaient pas assez endurcies. La peau était déjà bien sensible à l’arrivée de la mi-course. Comparé à 2013 il me manquait plusieurs sorties longues ET dures pour les pieds dans les semaines avant le marathon. J’ai certes couru beaucoup depuis le début de l’année (presque 800 km) mais pas assez pieds nus. En cause, des déplacements nombreux à l’étranger, un état de découragement par rapport à la résistance plantaire (il est difficile de corriger à courte terme).
Une fatigue métabolique également devait jouer un rôle – je n’avais tout bonnement pas envie d’avancer à partir d’un certain moment. Ce n’étais pas une fringale. J’ai couru presque 100 km, presque tout pieds nus, trois semaines avant le marathon. L’idée c’était de bâtir endurance musculaire et plantaire en même temps, mais j’ai réussi le contraire – me fatiguer, me lasser des sorties longues, et user la peau des plantes, qui n’a pas peu véritablement récupérer dans la période restante avant le marathon. Rageant, quand l’endurance est bonne, mais l’envie de courir n’est pas présente !
Conclusion marathon pieds nus
J’ai déjà dit que la course m’a apporté autre chose que la satisfaction d’un effort bien mené.
Plus loin, il faudrait que je me décide de continuer à courir les marathons. Pieds nus, c’est vraiment tellement exigeant que cela tend à gâcher le plaisir de la participation, surtout pour des marathons que je connais déjà par cœur. Je n’ai absolument pas l’intention de laisser tomber les sorties longues – je suis un endurant, et j’ai besoin de passer des heures à vider ma tête. Mais je ne suis peut-être plus très motivé pour payer cher le droit de le faire. C’est dommage de dépenser 100€ pour le droit d’assister à une course qui me fait chier…Et ultra-commercial – deux jours après, ASO annonce déjà l’ouverture des inscriptions pour 2017. Sans moi – merde ! Peut-être quelques trails ? En huaraches ? A voir…
Comparatif données marathon pieds nus 2013-2016
Marathon de Paris 2013 Pieds Nus
10 km | semi | 30 km | 42,195 km | |
2016 | 00h52’47 » | 1h54’15 » | 2h50’02 » | 4h13’52 » |
2013 | 00h57’05 » | 1h59’45 » | 2h50’45 » | 4″07’13 » |
Récupération post-marathon pieds nus
Post-course – cuisses raides, plantes un peu sensibles. Pieds legerment gonflés à la fin de la journée.
J+1 – cuisses très raides et un peu douloureuses, plantes sensible, pieds un peu gonflés le matin au lever, et les talons sensibles ; épaule, hauts des bras fatigués, un peu courbaturés.
Mollets à peu près normaux, pieds un peu raids mais pas mal. Fessier ok.
J+2 – Talons à peu près ok, plantes encore un peu sensibles, cuisses tendues et douloureuses.
J+3 – Tout OK pour les pieds, mais les cuisses toujours tendues.
J+4 – Première sortie post-marathon, cuisses pas très contentes, mais ça passe. Et ce sont les mollets qui compensent, donc le lendemain – mollets tendus ! Ahlala…
J+7 – Première sortie longue, tout rétabli, mais fatigue après 15 km sur 22 en tout.
Photos du marathon de Paris pieds nus
3 réponses à to “Marathon de Paris 2016 – Comme un pied”
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Problablement le moment est venu de faire un break et de trouver un tout autre défi que celui du marathon que tu as déjà relevé plusieurs fois avec succès 😉 Une page qui se tourne sur ta pratique du pied nu, mais pour aller où ?
Un double grand « bravo » !!
D’abords pour avoir (encore) fait un marathon presque pieds nus, puis pour n’avoir rien lâché et avoir terminé cette épreuve particulière malgré ta souffrance physique et psychologique.
Au plaisir de se croiser, peut être sur un Trail qui sait !?
Je me demandais si tu avais participé au marathon de Paris cette année, félicitations malgré tout d’avoir été au bout, comme tu l’as dit une fatigue générale et un manque d’entrainement t’ont handicapé, après c’est sur une course commerciale comme le marathon de Paris ce n’est peut-être pas la plus conviviale des courses, je suppose que proche de Paris, il y a nombre de courses de toutes distances, en t’y essayant, tu trouveras ta distance et ton style, c’est sur l’essentiel c’est quand mème le plaisir, autant dans l’entrainement que dans la course. Merci d’avoir partagé ton effort et ta réflexion sur cette course avec nous.
Bernard